L’eucharistie… selon une réalisatrice

Pour ses beaux yeux - Natalie Saracco

Dans le film La résurrection du Christ de Kevin Reynolds, il n’est pas question d’eucharistie, simplement d’un partage du pain sur de très belles paroles de la prière du Notre Père. Mais qu’est-ce que l’eucharistie ? La réponse de Natalie Saracco, réalisatrice du film La Mante Religieuse, tirée de son livre Pour ses beaux yeux, paru le 4 mai dernier chez Salvator, avec son aimable autorisation.

Concernant les fruits de cette rencontre avec le Sacré-Cœur, j’aimerais parler d’une chose fondamentale : l’importance de l’Eucharistie ! Ce Saint-Sacrement est le poumon de notre cœur, de notre vie de chrétien. Et privé d’oxygène, nous mourons… Au-delà des prières, des chapelets, des actes de charité pourtant indispensables, la seule vraie nourriture qui profite de manière unique à nos âmes biafrais, c’est l’Eucharistie. L’Eucharistie est non seulement le médicament pour notre Humanité souffrante, mais l’aliment incontournable de tout baptisé. Le « Pain de Vie » porte bien son nom et pour cause : c’est Jésus lui-même qui se définit comme tel dans ce Saint sacrement. Il ne cesse de le répéter dans Jean : « celui qui boit mon sang et mange ma chair aura la vie éternelle ». Ce n’est pas pour agrémenter notre vie de chrétien ou pour faire du sensationnel que Le seigneur nous dit ça, mais bien parce qu’Il sait que Son Corps et Son Sang sont la seule véritable nourriture capable de nous tenir debout en vue de la Vie Éternelle. Tout être vivant, peu importe son âge, nouveau-né, robuste adulte ou bien sage vieillard, a besoin de s’alimenter sinon c’est la mort assurée. Il en est de même pour l’Eucharistie.

Il ne faut pas se dire : « Je communie tous les dimanches, c’est déjà bien assez »… Si vous ne preniez qu’un repas par semaine et que vous passiez le reste du temps à jeûner, vous pensez que cela vous suffirait ? Je sais bien que la mode est à l’anorexie mais tout de même, votre cas serait pire que préoccupant ! C’est la même chose avec « le Pain de Vie »… Profitons, nous catholiques, de cette grâce inouïe qui dépasse tout entendement que le Seigneur nous fait en se livrant tout entier, « Corps et Àme » dans ce Saint-Sacrement. Toute l’Humanité mais aussi toute La divinité de Jésus se trouvent condensées dans l’Eucharistie : de La crèche, en passant par Sa prédication, dans Sa Passion souffrant le martyre à cause de nous jusqu’à Sa mort sur la Croix et enfin, Sa Résurrection. Tout y est…

Communier, ce n’est pas seulement se nourrir mais L’honorer dans toutes les étapes de Sa vie. La communion est un credo physique instantané où la chair, l’Incarnation, l’emportent sur la parole… Laissons le Christ agir en nous, et nous façonner dans cette si touchante preuve d’amour et marque de confiance qu’Il nous fait à chaque Eucharistie. Le pire qui puisse nous arriver, c’est d’en être un jour privé… Dieu nous en préserve ! Oui, Jésus nous invite à devenir boulimique de Lui. Faisons de ce sacrement notre plus grande addiction ! Mais attention, pas n’importe comment. Même si aucune âme ne mérite une telle grâce, elle doit tout faire pour se préparer et l’accueillir dans les meilleures conditions. Communier, c’est accueillir Jésus, Dieu fait homme, à la table de nos vies. Lorsque nous invitons des amis à dîner, nous veillons à ce que notre maison soit rangée et la plus chaleureuse possible. Pourquoi lorsqu’il s’agit de recevoir Dieu Lui-même dans cet Incomparable Sacrement, nous ne faisons que très peu d’efforts ? Pour quelle raison devrions-nous l’accueillir avec les mêmes vêtements usagés, sales et troués remontant à notre dernière confession – qui date de quand au fait ? – comme si c’était nous qui faisions « l’honneur » au Tout Puissant de Le recevoir…

Quelques temps après mon accident, portant encore l’odeur de ma rencontre avec le Sacré-Cœur, retournée comme une jeune fille sortant à peine des bras de son amoureux peut l’être, mon âme a souffert bien des tourments. C’était au cours d’une messe. La scène, loin d’être comique, s’est passée dans une toute petite Église de campagne au milieu d’un cimetière en lisière de champ. C’était un samedi soir, à l’office anticipé du dimanche – j’affectionne particulièrement l’intimité de ces petites églises, elles sont des cocons où il fait bon se recueillir. Ce jour-là, salie par un pêché que j’ai oublié et qui ne devait pas être si grave – qui suis-je pour dire ça ? C’est Dieu le Seul juge, pas nous – je me suis sentie particulièrement indigne et sale pour accueillir Jésus dans Son Eucharistie. J’en avais pourtant bien besoin… Par amour et par respect, je prends la décision de ne pas communier. Au bout de quelques minutes, n’en pouvant plus, terrassée par l’idée d’être privée de Lui à ce rendez-vous amoureux qu’est la messe, j’implore le Très Haut : « Seigneur, je t’en supplie, fais-moi un « crédit de pardon « , je te promets de me confesser au plus vite mais s’il te plaît, donne-moi un signe qui soit une invitation de ta part pour pouvoir communier »… L’office se déroule ainsi jusqu’au moment de la Sainte Communion. Le temps m’étant compté, ma prière s’intensifie : « Je t’en prie Seigneur, au secours, j’ai trop besoin de te recevoir, donne-moi ton feu vert… ». Je tourne la tête à droite , à gauche, guette une bribe de signe, rien ! Tel un sablier annonçant la fin de mes jours, j’assiste impuissante à la fin de la distribution du Corps du Christ. La messe terminée, l’église est déserte, seule mon âme centenaire pleure dans un coin, le visage enfoui dans les mains. Meurtrie au plus profond de mon être, les larmes m’inondent comme la douleur mon cœur. « Il ne m’aime plus, Il ne veut plus de moi »… Au comble de mon désespoir, oubliée, à genoux, je sens tout à coup la présence et le regard amusé de Jésus et de Marie juste devant moi. Je regarde bien, il n’y a personne, pourtant ils sont bien là à m’observer, joyeux, avec insistance. « Jésus, Marie, je ne comprends pas… ma souffrance vous ferait-t-elle plaisir »?

Ils redoublent de joie, je redouble de sanglots. Au loin, l’écho d’une voix: « Il faut sortir, on ferme l’église »… Je porte La croix, fais mon signe et sors de la maison de Dieu. La mort dans l’âme, je traverse, le cimetière lorsque j’aperçois une dame affolée venant de la rue et se dirigeant tout droit sur moi un ciboire dans les mains.

– Mon Dieu, c’est catastrophique s’exclama-t-elle, Monsieur le curé est parti emportant avec lui les clés du Tabernacle, du coup je me retrouve avec toutes ces hosties et je ne sais pas quoi en faire…
Moi non plus, je ne savais pas quoi en faire…Le visage de la femme s’illumine tout à coup.
–Tenez exulta-t-elle en me tendant le ciboire rempli d’hosties, prenez, mangez tout, il ne doit pas en rester une seule !
Mon âme et moi abasourdies restons sans voix.
–Allez ! Insista-t-elle en joignant le geste à la parole.

« Mon Seigneur, le signe que j’espérais tant pour communier, c’est maintenant que Tu me le donnes… Tu viens à moi en profusion comme pour « La multiplication des pains »…C’est donc pour cela que Ta mère et Toi étiez aux anges : « vous étiez de connivence ! Et ma souffrance de femme amoureuse privée de Ton amour dans l’Eucharistie était pour Vous le plus doux des Calices… Par respect, je me suis empêchée de communier, par amour, Ta coupe est venue débordante jusqu’à moi » !

C’était tellement énorme que je n’ai pas osé y toucher. Avec le recul, je le regrette profondément…

Une autre fois, en plein carême, Jésus m’a sévèrement réprimandée. Après toute une semaine passée en efforts et privations de toutes sortes, épuisée, je me traîne péniblement jusqu’à la messe… J’arrive en retard au milieu de l’office. Le prêtre le remarque, je sens son mécontentement et le partage : la messe c’est sacrée… Au moment de la communion, j’hésite, « j’y vais, j’y vais pas » ? Finalement, mon désir de Dieu prend le pas, je m’incruste dans la file. C’est mon tour, le cœur palpitant, je m’arrête devant le père pour recevoir mon Bien – Aimé. Celui-ci me regarde sans bouger. Je ne comprends pas, j’attends le souffle coupé. Au bout de quelques secondes qui me paraissent interminables, il me fait un signe de Croix sur le front en disant « Que Le seigneur vous bénisse et vous garde ». Et c’est tout…L’horreur dans mon cœur ! La honte suprême, non pas devant l’assemblée – je suis habituée à me faire regarder comme un « cas » – mais devant Dieu. Je ne savais plus où me mettre. Je suis repartie chez moi effondrée. Le geste du prêtre était plus que dur. Je venais puiser à travers l’Eucharistie la force pour continuer à lutter, à essayer de faire La volonté de Dieu et lui, l’inconscient, m’en privait ! Fragile, fatiguée de combattre, je suis ressortie de l’église telle une caille sur un plateau d’argent à la merci du démon… Je n’en voulais pas au père, j’avais bien conscience qu’il avait servi d’instrument pour me faire comprendre que Dieu est blessé quand on arrive en retard à la messe « mais quand même, le curé me connaît, me faire ça à moi » ? ! Non pas que je sois meilleure mais il connaît ma foi et mon amour authentique pour Le christ… Satan qui n’en loupe pas une, toujours prêt à nous dégommer à la moindre occase, ne m’a pas lâchée jusqu’au lendemain… je suis passée par toutes sortes d’états, négatifs évidemment…J’étais tellement mal dans ma peau et en colère, que je pouvais basculer et tomber à tout moment. Livrée à moi-même, « il » ne pouvait que me cueillir. J’ai vécu 24 heures d’angoisse et d’horreur. Je le sentais tourner autour de moi et se pourlécher, c’était juste une question de temps… J’ai vraiment imploré Le Seigneur de venir à mon secours mais même la prière me coûtait. Plus le temps passait, plus je m’éloignais… Le Malin – qui passe son temps à nous accuser mais qui sait parfaitement être complaisant quand cela l’arrange – ne cessait de me souffler : « Regarde un peu la gratitude de ton Dieu. Depuis le début du carême tu fais des efforts surhumains et voilà où ça t’a conduite ! Tout ça ne sert à rien. À quoi bon lutter ? ». Ce jour-là, c’est un véritable combat que j’ai mené contre moi-même. Peut-être celui de Jacob…

Le lendemain, j’étais si mal et déstabilisée que j’ai failli sauter la messe. J’y suis allée dans un état de nerf et de malaise extrêmes. C’était le même prêtre qui célébrait, ce qui a contribué à me perturber davantage. Au moment de rejoindre la file pour communier, je prends soigneusement soin de ne pas aller à lui, « On ne sait jamais, il pourrait avoir un petit coup de « reviens-y» et me priver une nouvelle fois de la communion – alors que j’étais arrivée à l’heure. Le père était au fond de l’église dernière moi, j’étais bien contente de lui tourner le dos après ce qu’il m’avait fait ! Jésus me dit sur le champ : « Quitte ta file, va au fond et communie avec lui ». Une nouvelle fois, je me fais remarquer devant tout le monde. Le plus naturellement possible, j’abandonne la queue limite en sifflotant attirant sans m’en rendre compte tous les regards. Livide, au bord de l’évanouissement, je me dirige jusqu’au prêtre. Arrive mon tour, il me donne l’hostie comme si de rien n’était. Fin de l’office. Je pars directement au Saint-Sacrement prier. Je remercie Le tout-puissant de s’être livré à moi dans cet incomparable Sacrement et le remercie encore plus de m’avoir donné la force de Lui obéir. La prière terminée, je me retourne et me retrouve nez à nez avec le père ! On se tend la main, gênés. Je lui parle d’une affaire qui n’a rien à voir quand, soudain il m’interrompt :

– Vous savez Natalie, mon geste d’hier n’avait rien d’une punition… Comme vous étiez arrivée après les textes, j’ai pensé que c’était mieux de faire ainsi… on ne peut dissocier la lecture de la Parole avec la lecture Eucharistique. La communion n’est pas un « self- service »…
– Comme vous avez raison père et comme je suis d’accord avec vous, « La communion n’est pas un self-service », sauf que je m’étais préparée toute la journée et que les textes je les avais déjà lus. En plus, vous ne pouvez pas imaginer tout ce que j’ai fait pour pouvoir me rendre à cette messe ! – la sincérité est un laisser passer qui abat toutes les barrières et les divergences…Puisque vous avez un respect particulier pourl’Eucharistieque je partage totalement avec vous, dites aux paroissiens que l’on ne voit jamais à confesse, vous êtes mieux placé que moi pour le savoir et qui se bousculent pour communier, de ne pas considérer l’Eucharistie comme « un self-service » pour reprendre votre expression… Le prêtre m’a écouté attentivement sans dire un mot puis finalement il a lancé : «Vous avez raison »… J’ai conclu en disant non pas sur le ton de reproche mais sur celui du cœur : « Mon père, vous m’avez fait vivre la pire des punitions car j’aime vraiment Le Seigneur mais vous avez bien fait »…
J’ai attrapé son bras, il a attrapé le mien, on était à deux doigts de se faire un « Hug ». Jésus avait triomphé ! Exit le Malin…

Pour aller plus loin (et se procurer le livre) : le nouveau blog de Natalie Saracco

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  1. 11 mai 2016

    Vous lire m’a vraiment fait du bien ! Merci.

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