La Résurrection du Christ : l’avis d’un évêque

La critique de Mgr Robert Barron, évêque auxiliaire de Los Angeles (*), parue sous le titre « La résurrection du Christ » et la réalité de la résurrection in National Catholic Register, le 23 février dernier, au moment de la sortie du film de Kevin Reynolds aux Etats-Unis. Attention, spoiler.

En constatant l’attrait pour le film La Résurrection du Christ, qui raconte l’histoire d’un tribun romain en quête du corps de Jésus après l’annonce de sa résurrection, je pensais qu’il laisserait le public sur sa faim, intrigué, mais pas convaincu que ces témoignages étaient justifiés. Je fus surpris et ravi de découvrir que le film est, en fait, résolument chrétien et considérablement fidèle au récit biblique de ce qu’il s’est passé après la mort de Jésus.

Ma scène préférée montre le tribun Clavius (interprété par le toujours convaincant Joseph Fiennes) faire irruption dans la Chambre Haute, avec l’intention d’arrêter les disciples les plus fervents de Jésus. Alors qu’il scrute les personnes présentes dans la salle, il voit Jésus, à la crucifixion duquel il avait présidé et dont il avait examiné le visage décédé de près. Mais n’était-ce pas une hallucination ? Était-ce seulement possible ? Il se couche au sol, fasciné, incrédule, incertain, angoissé. Alors que la scène se déroule, la caméra balayant les visages, je me trouve aussi perplexe que Clavius : s’agit-il vraiment de Jésus ? C’est en effet ce qu’ont du ressentir les premiers témoins du Ressuscité, leur incrédulité et leur trouble étant évoqués dans l’Écriture elle-même : « Ils adoraient, mais certains doutaient ». Quand Thomas entre dans la pièce, embrasse son Maître et examine les blessures de Jésus, tout doute, tant pour Clavius que pour le spectateur, est définitivement levé.

J’ai particulièrement apprécié cette scène, non seulement pour la finesse de sa composition, mais parce qu’elle m’a rappelé les débats à la mode dans les cercles théologiques durant mes études dans les années 1970 et 1980. Les « érudits » qui étaient sceptiques quant à la réalité de la résurrection corporelle de Jésus se posaient la question suivante : « Qu’est-ce que quelqu’un en dehors du cercle de disciples de Jésus aurait vu s’il avait été présent au tombeau le matin de Pâques ou dans la Chambre Haute le soir de Pâques ? ». La réponse implicite à cette question était : « Eh bien, rien ». Les universitaires posant cette question suggéraient que ce que la Bible appelle la résurrection ne désignait rien qui eût pu se produire dans le monde réel, rien qu’un observateur objectif ou un historien impartial n’eût pu remarquer, mais plutôt un événement empreint de la subjectivité de ceux qui se souvenaient du Seigneur et l’aimaient.

Par exemple, le très influent et très lu théologien Belge Edward Schillebeeckx a estimé que, après la mort de Jésus, ses disciples, marqués du sceau de la culpabilité de leur lâcheté et de la trahison de leur maître, se sont pourtant sentis pardonnés par le Seigneur. Cela les a convaincus que, dans un certain sens, il était encore en vie, et les a poussés à exprimer cette intuition en racontant des histoires évocatrices sur le tombeau vide et les apparitions de Jésus postérieures à sa résurrection. Roger Haight, un théologien jésuite très influent, a spéculé dans la même veine que la résurrection n’est qu’une expression symbolique de la conviction des disciples que Jésus continue à vivre auprès de Dieu. Par conséquent, Haight a enseigné que croire au tombeau vide ou aux apparitions du Seigneur ressuscité sont des éléments négligeables à la vraie foi dans la résurrection du Christ. À un niveau plus populaire, James Carroll a expliqué la résurrection comme suit : après la mort de leur maître, les disciples étaient assis dans une sorte de « cercle mémorial », y ont réalisé ce que Jésus représentait pour eux, reconnu la puissance de Son enseignement, et ont décidé que Son esprit vivait en eux.

Le grand spécialiste Anglais de la Bible N.T. Wright a une manière particulièrement efficace de présenter et de démentir une telle absurdité. Sa principale objection à cette spéculation est qu’elle est profondément non-juive. Lorsqu’un Juif du premier siècle évoquait la résurrection, il ne pouvait pas parler de sa dimension « non-corporelle ». Les Juifs ne pensaient tout simplement pas de manière aussi binaire que les Grecs, et plus tard les gnostiques. Le deuxième problème est que cette approche théologique se révèle totalement à contre-courant de l’Histoire. Wright insiste sur le fait que, tout simplement pour des raisons historiques, il est pratiquement impossible d’expliquer la montée du premier mouvement Chrétien sans une croyance très objective de la résurrection de Jésus d’entre les morts. Pour un Juif du premier siècle, l’indication la plus claire possible que quelqu’un n’a pas été le Messie promis aurait été sa mise à mort par les ennemis d’Israël, puisque l’espérance assumée était que le Messie allait conquérir, puis négocier avec les ennemis du peuple juif.

De manière cohérente, Pierre, Paul, Jacques, André, et les autres aurait adoubé – et seraient allés jusqu’à en donner leur vie – un Messie crucifié si et seulement si Il avait ressuscité d’entre les morts. Peut-on vraiment imaginer Paul pleurer à Athènes, Corinthe ou Éphèse, un message sans substance selon lequel il aurait trouvé un homme mort profondément inspirant, ou que lui et les autres apôtres s’étaient sentis pardonnés par un criminel crucifié ? Dans le contexte de l’époque et des lieux, personne ne l’aurait pris au sérieux.

La réponse bien plus raisonnable et théologiquement conforme de La Résurrection du Christ est que, oui, en effet, si un étranger et non-croyant était entré dans la Chambre Haute où les disciples étaient en train de rencontrer Jésus ressuscité, il aurait vu quelque chose en même temps eux. Aurait-il compris ce qu’il aurait vu ? Sans doute pas. Mais l’expérience n’aurait-elle eu aucune conséquence objective ? Sans doute pas non plus. Les interprétations subjectives que j’évoquais ci-dessus ont quelque chose de trop lisse, d’insipide et de trop rassurant. Ce que l’on ressent à chaque page du Nouveau Testament, c’est que quelque chose est arrivé aux premiers chrétiens, quelque chose de si étrange, inattendu et irrésistible qu’ils ont eu le désir de l’annoncer au monde entier.

Au final, La Résurrection du Christ porte un nouveau regard, audacieux, sur la réalité troublante de la résurrection – bien plus que les controverses théologiques actuelles.

Traduit de l’anglais par David M. pour La résurrection du Christ.com.

(*) Mgr Robert Barron est titulaire d’un master en philosophie de la Catholic University of America (1982) et d’un doctorat en théologie de l’Institut Catholique de Paris (1992).

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